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Figures en rue 

Figures en rue est une réappropriation de l’espace urbain à travers une occupation de la rue, des bâtiments et de ses vitrines par le collage et le pochoir. La photo d’archive reprend vie dans ce qu’elle a saisi : le spectacle vivant de rue. Les figures, les objets, les décors et le public se replacent peu à peu dans l’espace urbain comme pour rejouer une représentation. La réinsertion d’images passées se présente comme le décor atemporel d’un festival qui s’annonce. La démarche photographique passe de l’archive à l’œuvre plastique. En amont de la manifestation, des images représentants les figures (ou des formes) marquantes des spectacles de différentes éditions de la Rue est à Amiens. Chaque espace libre de l’hyper-centre devient une plateforme susceptible d’être investis pour « afficher » La Rue est à Amiens. Plus qu’une opération de communication, le projet Figures en rue interpelle le regard quotidien des usagers de l’urbain, ou seuls la performance et le spectacle vivant permet de réinventer et de se réapproprier la ville.

 

Ici, le projet puise son essence dans le médium de la photographie d’archive pour rejoindre un acte plus contemporain : le collage et le graffiti. En utilisant les codes empruntés au street art, l’œuvre définitive produite sera une réinvention des décors urbains. Il ne s’agit plus de prendre des photos pour immortaliser un moment ou un espace mais de chambouler les idées conçues autour de la photographie actuelle. Ces figures et ces symboles extirpés de leur contexte apparaissent libre de tous mouvements et vogues, ici et là, à la recherche d‘une nouvelle histoire. Indépendantes, ces figures deviennent, à l’aide du passant, des acteurs jouant une nouvelle fois dans la rue un spectacle inédit et unique propre à chaque individu. Chacun en y mêlant ses souvenirs et son imaginaire donnera à l’infini une interprétation de ces êtres. La photographie n’apparaît plus comme un simple témoin de « ce qui a été » mais il devient déclencheur d’une infinité de possibilité. En quittant sa forme originale, la photographie devient un objet concret d’une certaine forme de la représentation. La photographie ramène inéluctablement au réel et à sa temporalité du passé. De ces temps, les figures et les formes seront prélevées, découpées et collées sous un autre assemblage : l’affiche.

 

L’insertion de cette nouvelle forme photographique amène progressivement une réflexion sur le lien entre la spectacle de rue et la photographie. Alors que le spectacle de rue est éphémère, la photographie apparaît comme un acte immortalisant. Quelle pourrait être alors la passerelle entre les deux ? Inondée d’images numériques, il n’est pas rare de constater que l’appareil photo est partout pour enregistrer l’action et signaler sa présence : « j’y étais, j’ai vu, je l’ai vécu ». Le processus de création survient alors par le spectateur qui capte l’essence même du spectacle et y sauvegarde ce qui lui semble marquant. Le principe du collage apparaît alors comme la simple matérialisation de ce protocole d’archivage. L’image emblématique est le résultat d’une mémoire collective massive récoltée à un temps donné. Ce spectacle offert au passant semble s’incruster au fil du temps dans la mémoire de chacun et gravé à jamais dans les albums souvenirs des uns et des autres. Ces figures fantomatiques apparaissent comme un compagnon médiateur entre les artistes de rue et les spectateurs.

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